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Marie-Pierre Vieu
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24 juin 2010

Rencontre publique sur les retraites du 24 juin

Ci dessous, mon intervention lors de la soirée sur les retraites du 24 juin à Tarbes

MPV

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Bonsoir,

D’abord je crois qu’il est important de le dire ce soir ; nous vivons une très belle journée de mobilisation populaire : plus de 15 000 ce matin même dans les rues de Tarbes, plus de deux millions au travers de toute la France, 18,7% des fonctionnaires de l'Etat, 13% de ceux des collectivités locales et 12,5% dans les hôpitaux, 29,2% à France Télécom en grève à la mi-journée, 18% à la RATP.  A chaque fois des chiffres nettement supérieurs à ceux du 27 mai dernier.

"C'est quand le peuple croise les bras qu'on voit sa force » écrivait Jaurès et certaines banderoles le rappelaient aujourd’hui : nous nous retrouvons ce soir en situation de force. Bien sûr nous le savons, la bataille va être longue, terrible parce que cette réforme des retraites est identifiée par le pouvoir comme un des marqueurs de sa politique- sur lequel il ne veut pas lâcher !!

Il n’empêche qu’après la défaite lourde de la droite aux élections de mars dernier, la mobilisation sociale grandit cette fin juin jusqu’à prendre une dimension large, populaire, inter professionnelle, intergénérationnelle.

Et ce débat que Sarkozy et ses sbires avaient décidé de réduirer à une arithmétique comptable, dont on peut ainsi résume la rhétorique : « l’espérance de vie s’allongeant le seul moyen de maintenir une retraite pour tous serait d’individualiser la question et d’allonger le nombre d’années de travail ; et si vous n’êtes pas convaincus regardez nos voisins européens c’est pire ! »

Est en train de prendre un autre tour, d’intégrer une autre logique.

Et si face à cette entreprise de démolition et de précarisation sociale, de mise en concurrence généralisée, on objectait par la solidarité, l’entraide, la redistribution sociale ? Si plutôt que demander encore plus à celles et ceux qui ont déjà un travail pénible, une carrière incomplète on visait à une meilleure répartition des richesses entre travail et capital ?

Hier à l’Assemblée Nationale les députés PCF, PG et Verts ont présenté formellement dans le cadre d'une proposition de loi ont présenté une série d’amendements pour garantir la retraite à 60 ans qu'ils défendront lors de l'examen du projet du gouvernement en commission à partir du 20 juillet.

Oui, il existe une alternative au projet gouvernemental qui prévoit le recul de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite : elle s’appuie sur trois orientations.

"Développer les bénéfices des entreprises vers l'investissement et l'emploi",

"Revenir sur les exonérations de cotisations inefficaces",

"Mettre à contribution les hauts revenus et les revenus du capital"

qui appliquées rapporteraient plus de 60 milliards d'euros : 25,6 mds à l'Etat, 36 mds à la Sécu, dont 14 pour les retraites.

On pourrait par exemple "majorer de 10% les cotisations patronales des entreprises de plus de 20 salariés qui comptent plus de 20% de salariés à temps partiel".
en finir avec l'exonération des heures supplémentaires décidée en 2007 ou taxer à 40% les stock-options ainsi que "les éléments de rémunération des dirigeants et des traders qui échappent à toute forme de contribution".

Cette discussion je crois qu’il nous faut la pousser encore et encore : montre qu’il n’y a pas de fatalité à cette réforme des retraites sauf à vouloir un peu plus nous intégrer à la violence des politiques libérales, nous faire payer le coût de la crise quand dans le même temps on en donne toujours plus aux banques et à la finance.

Disons le tout net ; oui cette réforme est un scandale car elle ne s’appuie ni sur le réalisme économique et social, ni sur l’équité : au même titre que la réforme territoriale et celle annoncée sur la sécu, elle vient un peu mordre sur l’espace public et l’universalisme, pour en finir avec un principe fondamental de la République et de notre socle social : le droit à l’égalité.

Il est des batailles que l‘on doit gagner même si cela prend du temps : celle des retraites en est une.

Nous ne sommes qu’au début du combat : au cœur de la mobilisation sociale, dans les rues, via les pétitions que nous signons, les motions que nous pouvons prendre. Les prochains jours doivent aider à donner confiance pour amplifier ce mouvement, le rendre irrésistible.

C’est à ce prix, que nous pourrons peser sur le débat parlementaire de juillet puis à partir du 6 septembre : parce que nous le savons tous, sans lutte exceptionnelle la droite passera en force au mépris de toute démocratie !

Et cette lutte exceptionnelle appelle à l’unité la plus large des organisations syndicales, sociales, de la gauche toute entière : sans équivoque sur le contenu !

Je pense même que c’est l’une des questions qui va structurer en profondeur l’opinion, et sera garante ou pas de la valeur de l’alternative pour 2012.

Alors tous sur le pont et la brèche sans hésitation, car la retraite fait partie de ce que nous portons ensemble et avons de plus précieux. Elle donne le sens même de al société dans laquelle nous voulons vivre.

« Dans la France de demain, écrit un philosophe on comptera plus de 20 millions de retraités : en quel état vont-ils être si en masse ils ont d’abord attendu des années un premier emploi stable, puis connu une vie de travail plus ou moins lourdement aliéné, avant une sombre cinquante débouchant sur une retraire rognée sur tous les plans, tandis que la va les pressurer l’exploitation du marché des seniors?  La dégradation accélérée des vies serait-elle moins grave que la fonte des glaces polaires et ne nous menace t-elle pas de cataclysmes aussi ravageurs ? Or la longévité créative ne relève pas de l’exception biologique amis montre plutôt ce que peut devenir la règle à condition de « former les circonstances humainement » pour tous.

Cela implique d’émanciper pour de bon toute la succession des âges sociaux ; offrir à chacun des formations initiales de haut niveau, en finir avec le chômage des jeunes , désaliéner en profondeur le travail, organiser une sécurité continue de l’emploi et de la formation, du même coup passer du temps libre petitement compensatoire à une vie hors travail richement formatrice, favoriser au maximum la préparation des quinquagénaires à leur vie post-professionnelle, soustraites aux logiques exploiteuses dans un système consolidé de retraites par répartition, revalorisées sur la base d’une plus juste redistribution des richesses et indexées sur les salaires.

Voilà qui ferait de la France de 2040 le contraire d’un pays vieilli.

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Marie-Pierre Vieu
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