Etats d’AME !

J’ai découvert la nouvelle presque incidemment, en allant consulter le site de France Info, une dernière fois avant de me coucher. Assemblée nationale a adopté mardi 2 novembre au soir  un amendement UMP, qui instaure un droit d’entrée de 30 euros pour l’Aide Médicale d’Etat. Du coup, j’ai également appris que cette fameuse AME garantissait une couverture médicale gratuite pour les étrangers en situation irrégulière vivant avec moins de 634 euros par mois

(215 000 bénéficiaires selon l’Humanité du 3 novembre)… Autant dire l’effet qu’elle peut avoir  sur un gouvernement, qui en chute libre dans les sondages, cherche à faire son comeback et vient de trouver là un sujet qu’il compte utiliser pour mettre un peu de beurre (de chez Fauchon) dans ses épinards (de chez Maxim’s) !

Pensez donc que cette AME a coûté 540 millions d’euros l’an dernier à l’Etat français.

Quelle plus belle transition pour passer des retraites à la protection sociale que cette mesure dans la droite, très droite lignée des politiques nauséabondes d’atteintes à la dignité de la personne et aux libertés perpétrées cet été par Hortefeux. D’ailleurs la majorité gouvernementale l’a bien signifié hier dans l’hémicycle : les ROMS ne peuvent pas avoir d’AME !

De la nécessité de maintenir un haut niveau de protection sociale, de celle de bien vivre dans une société ouverte et riche de ses migrants, personne n’en parlera. Pas plus que de celle de travailler à une nouvelle répartition des richesses ; réforme de l’assiette des cotisations patronales, taxation des revenus et des institutions financières. Mais ne soyons pas sacrilèges, cela prouve au moins que le patronat en a une lui, AME : en connexion directe avec le CAC 40.

Et pas seulement le patronat si l’on en juge par « L’avènement de la démocratie. A propos des totalitarismes » que vient de commettre Marcel Gaucher. C’est vrai qu’il y a déjà quelques jours que j’avais envie de le citer dans un de mes billets, celui là. D’abord, parce que passer de mai 68 et de la gauche prolétarienne au Centre de recherches politiques Raymond Aron avec l’appui de Pierre Nora et de François Furet, c’est une trajectoire à faire passer Eric Besson pour un artisan, novice dans l’art de retourner sa veste (idéologique, j’entends).

Ensuite parce je suis toujours particulièrement sensible à cette analyse pratiquant l’amalgame entre bolchévisme, fascisme et nazisme. Ici il postule que prônant une même affirmation  de la toute-puissance de l'homme qui tourne à « la réactualisation sans le savoir du passé le plus ancien de l'imaginaire religieux », les trois conduisent à la même dérive totalitaire. Lénine mort, lui survit le léninisme et ce qui en suit… Je ne pratiquerai pas l’art de l’esquive par rapport à quelques réalités historiques qu’il faut assumer dès lors que l’on se revendique du communisme et surtout lui défends une modernité et un avenir, par exemple je ne contesterai pas le fait, que ce qui a été perpétré au nom du communisme a souvent conduit à sa perversion et continue à hypothéquer lourdement cette voie politique. Cependant, je refuse ce raisonnement qui au nom de la négation de la lutte des classes, amène à placer sur le même plan, une idéologie qui met en son cœur le combat contre l’exploitation et l’émancipation, et une autre bâtie sur la tyrannie du plus fort et la négation de l’autre.

D’autant que ce raisonnement conduit Gaucher à réduire le Sarkozisme à un discours et un plan communication conférant à un populisme de droite, plus criard qu’il ne serait véritablement dangereux. Une façon bien particulière de banaliser l’action du pouvoir dont malheureusement les effets ne se cantonnent pas à des effets d’annonce tapageurs mais sont tout simplement désastreux pour ceux qui les subissent ! Demandez leur avis à ces hommes et femmes que l’on continue à entasser dans les charters de la honte.

Digression d’humeur donc, pour dire que les AMES bien nées continuent à battre le pavé et n’ont pas encore décidé de lâcher prise face à la résistance qui s’est affirmée ses dernières semaines !

Ils vivent dans la cave
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Bleus à l’AME, encore à Tarbes où un journal local «  La semaine des Pyrénées »  a fait éclater publiquement le scandale des logements insalubres (indignes dans le langage officiel) de la Résidence du Lac Bleu ou comment un homme gagne sa vie en toute impunité en louant pour 250 euros par mois des chambres de 9 m2 à de pauvres gens ( sans papiers, ex taulards, sans ressources…) qu’il va draguer jusqu’aux environs de la gare SNCF et à qui ensuite il extorque le peu de moyens ( aides aux logements, minima sociaux) leur étant alloué. Le chiffre de plus de 200 logements est avancé, monsieur Ruiz l’heureux propriétaire n’hésitant pas à dire que cela fait des décennies qu’il fait du social. Déjà du temps de Paul Chastellain maire communiste de la ville… Là je pense que c’est une boutade pour dire qu’il y a longtemps qu’il sévit. Car pour la clarté et la transparence du débat il faudra ajouter que la ville dirigée par le PCF de 1977 à 2001 a développé de manière exponentielle l’habitat public social bien au dessus des 20% imposés aux communes. J’habite le quartier Lormeau qui a été l’un des premiers de ces grands chantiers ! Si aujourd’hui, pris à l’échelle communautaire du Grand Tarbes, le pourcentage de logements sociaux reste honorable, cela repose essentiellement sur cet acquis tarbais et le volontarisme politique de Soues (PCF aussi), mais ne correspond cependant plus à la demande qui va en croissant. Et sur Tarbes, avec l’UMP aux manettes c’est le mouvement inverse qui a été amorcé. Conséquence, cette situation fait le lit des vendeurs de sommeil de toutes sortes. Qu’on ne s’étonne pas alors que le sieur Ruiz se sente intouchable et puisse tenir ces propos obscènes : il est en pays ami ! Plus pour longtemps je l’espère.

Demain en réunion des Vice Présidents de la région Midi Pyrénées, François Simon, élu Europe Écologie fera en son nom et le mien pour le Front de Gauche, la proposition d’organiser à l’Hôtel de Région avec partenariat avec RESF des parrainages républicains de sans papiers, et plus particulièrement de jeunes lycéens et étudiants directement en prise avec les politiques régionales. Cette initiative devrait être soutenue par la majorité du Conseil Régional. AME qui rit !