Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Marie-Pierre Vieu
Archives
8 novembre 2010

Budget : La région Midi Pyrénées doit mener la contre-offensive à la politique de la droite

Mon intervention à la séance plénière du conseil régional du 8 novembre


Nous abordons la construction du budget régional pour 2011 dans un contexte social et politique inédit sur lequel nous ne pouvons faire l’impasse. L’ampleur du mouvement social sur les retraites, sa durée, son niveau de contestation, son rejet d’un pouvoir qui a choisi de bafouer la démocratie sur cet enjeu majeur pour l’avenir de nos concitoyens, son refus d’une réforme vécue comme une nouvelle concession faites au plus nantis : tout atteste que le débat en cours est loin d’être terminé. D’autant qu’il pose la question fondamentale de la solidarité et du partage des richesses produites, dans un France minée par les inégalités.

Comme en échos de ces chiffres, on retrouve Continental Midi Pyrénées, théâtre d’un bras de fer engagé par la direction du groupe allemand sur la question des salaires en contrepartie d’un plan garantissant l’emploi jusqu’en 2015. On retrouve encore Molex au cœur de l’actualité régionale de ce week-end, avec l’hommage rendu aux 283 anciens salariés par le curé de Villemur sur Tarn. Le gouvernement tente d’enterrer le problème ; Fillon fustigeant la transgression des règles élémentaires de droit par l’entreprise américaine tandis que les ministres du travail et de l’industrie négocient et cautionnent au nom du sauvetage de trente emplois.

Ces exemples que je viens d’évoquer ne sont pas anecdotiques mais ils viennent appuyer l’idée que dans le contexte sans précédent de crise sociale, politique, environnementale, institutionnelle, crise de la légitimité du pouvoir en place,  nous ne pouvons banaliser l’adoption du budget 2011. Il sera le premier de la nouvelle majorité régionale, et interviendra alors même que notre région a été avec PACA, celle où la mobilisation contre la réforme des retraites a été la plus forte et les manifestations les plus puissantes confirmant au plan social, dans la rue comme dans la grève, toute la détermination qui s’est déjà manifestée, dans le score sans appel de la gauche aux élections régionales de mars 2010.   

Cela nous confère la responsabilité d’être à la hauteur du mandat populaire  qui nous a été confié et vient encore d’être confirmé dans une épreuve de force dont le pouvoir ressort affaibli : celle de positionner notre institution pour amplifier cette dynamique sociale et politique créées ainsi que pour peser dans le bras de fer qui nous oppose au gouvernement.

Cela, notre groupe du Front de gauche vous l’a signifié dans un courrier, Mr le Président,  que nous avons ensuite rendu public. Nous y écrivions notamment, que « ce budget doit révéler un engagement politique et public fort de notre majorité.  Qui exprime tout à la fois notre refus de la logique destructrice dans laquelle le pouvoir UMP entend nous faire entrer. Qui use de tous les leviers à notre disposition pour contraindre au recul un gouvernement affaibli et discrédité. Qui en appelle à une riposte commune de l’ensemble des Régions dont les électeurs et les électrices ont confié la direction à la gauche ».

C’est pourquoi d’ailleurs nous étions, et restons favorables à repousser son vote après décembre, au premier trimestre 2011 : afin de se donner les moyens d’une véritable implication populaire bâtie sur un débat démocratique, transparent et public.

Nous sommes très conscients du corset dans lequel le gouvernement entend enfermer notre discussion budgétaire : réductions drastiques des moyens alloués aux collectivités territoriales, perte de leur autonomie fiscale, volonté de la droite de les transformer en simples relais des réformes gouvernementales, recentralisation autoritaire des pouvoirs niant le développement d’une véritable souveraineté populaire. Mais sauf à imposer un rapport de force qui passe par l’action conjointe des régions de gauche et la mobilisation de la population, nous entrerons dans la logique d’austérité imposée par le pouvoir, celle d’une rigueur qui nous amènera à être nous mêmes les artisans du nivellement vers le bas toutes nos politiques sociales, culturelles et citoyennes jusqu’au risque de dénaturer notre politique régionale.

Notre Région Midi Pyrénées doit alors avoir l'ambition de mener cette bataille et contre offensive à la politique de la droite et de ses représentants.

Cela commence par le refus de payer ou de faire l’avance à la place de l’Etat ; par sa non-participation également à des dépenses qui ne sont pas de son ressort. Un mot sur la convention de financement de la LGV Bordeaux-Tours et la proposition dans la DM2 d’une autorisation de programme d’objectif de 102,387M€ qui se déclinera suivant le plan de financement par l’inscription annuelle des autorisations de programme et des crédits de paiement, lors des votes des budgets primitifs futurs. Pour signifier que le groupe Front de gauche est favorable à la confirmation de l’engagement de notre région, dans les conditions et la hauteur à laquelle il a été discuté depuis le départ. Nous voterons la DM2.

Cependant nous rappelons qu’il ne doit pas s’agir pour la région Midi Pyrénées ni de se substituer à l’Etat et d’entrer dans la logique de privatisation du rail qu’il tente de mettre à l’œuvre au travers du Partenariat Public Privé  instauré pour la part de financement qui lui revient ; ni d’ailleurs de se substituer ou de suppléer à une autre région ou collectivité locale.

J’ajouterai, que dans le rapport de force actuel, d’accélération des pressions libérales, à l’échelle nationale comme européenne, nous serons amenés à remettre à plat ce dossier. Sinon nous risquons fort de devenir les otages de cette politique de libéralisation des services voulu par le traité de Lisbonne. Charles Marzziani ré interviendra sur le sujet.


De plus, nous continuons à refuser d’utiliser la TIPP comme la part supplémentaire stipulée par les articles 11 et 12 de loi Grenelle 2, pour financer des infrastructures de transport durables. Martine Pérez reviendra sur la question ; je me contenterai ici de dire que nous refusons le principe de faire payer au contribuable de Midi Pyrénées, au premier desquels les plus fragilisées par la régression sociale que nous vivons, le prix du désengagement de l’Etat, pire sa volonté de pressuriser  un peu plus le pouvoir d’achat de nos concitoyens pour financer ses choix de privatisation.

Pour notre part, nous sommes favorables à chercher ailleurs les marges de manœuvre budgétaires nouvelles qui permettront une augmentation de nos recettes et à porter publiquement la revendication de ressources supplémentaires, mettant l’Etat face à ses responsabilités: versement transport généralisé revendication que le congrès de l’ARF vient de reprendre à son actif, dotations indexées sur le coût réel des charges, remboursement des sommes non compensées dans le transfert de compétences.

Mes collègues d’Aquitaine ont fait la proposition de la mise en place d'un emprunt citoyen et solidaire dont les recettes pourraient être fléchées par exemple sur le redéploiement des services publics. Ce sont là des réflexions à poursuivre.

Enfin, il est essentiel que le budget 2011 porte la marque d’une politique régionale clairement ancrée à gauche.

Qui maintienne le développement de l'emploi comme priorité régionale. Nous souhaitons, à ce sujet, que notre assemblée puisse  rapidement établir un bilan exhaustif, clair, transparent, et contradictoire des différents dispositifs à l’œuvre en matière  d’intervention économique. Nous réitérons notre exigence de conditionner les aides régionales à des critères sociaux, environnementaux et humains ; de favoriser sur ce dossier l’information des salariés au travers de leurs organisations syndicales et de leur CE. Il est indispensable de valoriser auprès des salariés l’utilisation de l’argent public.

(Une politique régionale) Qui favorise un développement humain durable ce qui nécessite un soutien massif aux filières agricoles de production locale et aux  circuits courts. Nous avons commencé à développer cette question lors de la dernière mandature ; elle demande un effort soutenu. D’autant qu’en point d’appui des services publics, elle participe de la préservation d’un aménagement du territoire équilibré, reposant sur les principes d’égalité et de citoyenneté.

(Une politique régionale) Qui préserve son choix d’une action soutenue en matière de culture, politique de la ville, éducation populaire, jeunesse, social, sport et prenne le parti pris d’un traitement reposant sur une action privilégiée en direction des plus démunis de nos concitoyens.

(Une politique régionale) Qui œuvre sans relâche pour la préservation, la modernisation et renforcement des services publics, premiers promoteurs de l’égalité de droits ; j’ai en tête plus particulièrement la question du devenir des hôpitaux publics dans notre région au cœur aussi de mobilisations actives avec la tenue des conférences  territoriales de la santé.

(Une politique régionale) Qui fasse le choix d’une démocratie active, partagée. Je crois avoir été explicite sur cette question.

Voilà Monsieur le Président et Cher(e)s Collègues, les quelques remarques et propositions que nous souhaitions vous faire pour un budget offensif, solidaire et durable.

Publicité
Commentaires
Marie-Pierre Vieu
Publicité
Marie-Pierre Vieu
Newsletter
Publicité