Les vœux de Gérard Trémège : Tarbes vaut bien une (grande) messe !

Chroniques tarbaises (5)

Le parking de la foire Expositions se remplit tandis que j’y gare ma twingo. Rejoignant le hall 4 je croise quelques têtes connues. Nous pressons le pas car il commence à pleuvoir et puis, je l’avoue, je suis curieuse de découvrir cette 10^ième cérémonie des  vœux de Gérard Trémège aux tarbais.

Comprenez, c’est un peu comme nos césars locaux, on suppute le nom des « nominés » mais on est d’avance curieux de connaître celui des promus. And the winner are, dans l’ordre des premiers prix décernés : Monsieur le Préfet, arrivé dans les conditions que l’on connaît et jusqu’ici toujours en exercice ; l’Armée saluée pour son dévouement en Afghanistan, la Gendarmerie citée dans la foulée, et puis encore, la police nationale, la police municipale (le seul service public qui peut remercier le Maire de Tarbes) et les caméras de surveillance… Je sais, pas très original pour un maire UMP.

Mais attendez plutôt la suite… La fine analyste politique que je suis, a bien senti le nouveau tempérament frondeur de notre Gégé local, voilà que nous assistons en direct à sa Borlooisation. Désormais centriste de droite il nous parle de démocratie, enfin au moins 45 secondes ; rend hommage à Pierre Lagonelles adjoint aux Sports du Premier mandat, tombé au champ d’honneur des combattants du MODEM après le 1^er tour des Municipales de 2007… Et sur sa lancée, il affiche même sa volonté de faire vivre un débat respectueux avec l’opposition municipale : attention quand même, en matière de sophisme le trop tue le mieux !

En guise de réconciliation, le maire de Tarbes salue ensuite la vie  associative (dont les acteurs il faut le souligner sont très nombreux dans le salle) tandis qu’il conclut en jouant les choristes auprès des « pros » du Conservatoire Henri Duparc. Gérard Trémége aficionado des polyphonies, une allégorie de la dissidence sarkozyste ?

L’ombre de la CCI.

Symbolique dans cette soirée princière, le nouveau lieu des festivités : la foire Expos.

Du marché Marcadieu fréquenté par le tout Tarbes et alentours, on est passé cette année ( pour avoir chaud) au temple des manifestations à caractère marchand qui jouxte la CCI … et cela au moment même où le Premier adjoint de Tarbes devient le nouveau Président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie.

Interrogation au passage. N’est-il pas surprenant que François Xavier Brunet, élu il y a quelques jours à ce poste de responsabilité économique continue en même temps à exercer son mandat municipal ? Cette question Gérard Trémèges l’anticipe ou plutôt l’élude avec facétie : il supplie son fidèle lieutenant de rester à ses côtés.

L’explication plus officielle est que le maire de Tarbes lui même fut simultanément Président de la CCI et député des Hautes Pyrénées, alors pourquoi s’inquiéter ? Sauf que ce précédent ne justifie rien et la question de fond reste: Peut-on légitimement participer d’un exécutif municipal et communautaire, et exercer la première responsabilité du principal réseau entrepreneurial de la cité ?  Peut-on être à la fois juge et parti, sauf au risque de verser dans un conflit d’intérêt ?

Je me rappelle Gérard Trémèges ironisant durant la campagne 2007, sur le nombre de candidats de la liste de gauche, salariés d’entreprises et services publics… Mardi soir, s’il est une évidence à regarder cette somptueuse mise en scène, c’est le lien de plus en plus marqué entre la majorité municipale, le patronat et la finance.

Story Telling.

Je vous explique. Un conte commence toujours par « Il était une fois… », une épopée dans laquelle le héros va affronter mille et un risques, avant de défaire les puissances du mal, par « Au début.. » ou « Avant… »

Alors je commence. Vous êtes dans le Hall 4 de la foire expos, un écran géant vous renvoie un résumé en images de l’action municipale de ces 10 dernières années avec pèle mêle l’Arsenal, Laubadères, la rue Foch, la place de la Boule, Solazur, Equestria, le festival de Tango…

Le message est limpide. Au début, à Tarbes, il y avait les communistes et la gauche. La ville était triste, moche, les tarbais étaient moroses, les entreprises fuyaient loin, très loin. Puis en 2001, avec l'UMP, la lumière fut.

Je vous la fais différemment. Avant c’était le chaos, le moyen âge où l’homme était un loup pour l’homme, on vivait dans l'insécurité permanente : enfin Gérard Trémèges arriva et avec lui, vint la modernité.

Alors ,à moins d’être soi même candide, comme dans tout récit, il s’agit de trier le vrai du faux.

Le vrai c’est que Tarbes a évolué, s’est embelli.  Toulouse aussi d’ailleurs et je ne crois pas que cela  soit imputable au seul fait que la gauche ait emportée la ville en 2007. Mais c’est plus clair pour comprendre, quand on ne reste pas le nez sur le guidon.

Le vrai encore ( si, si…) c’est que nous assistons ce soir à une opération de com d’envergure au seul bénéfice de la majorité municipale. C’est normal ma fois, 10 ans çà se fête !!!!

Le faux c’est que les images et les discours peuvent parfois être trompeurs. Un exemple : c’est que la rénovation de Laubadères, l’aménagement du centre ville ou Equestria ont commencé bien avant 2001. Ah vous aviez oublié ?

Un autre ? C’est que si l’Arsenal doit aujourd’hui être reconstruit pour devenir un nouveau quartier de notre ville, c’est bien parce que l’entreprise d’armement a été fermée par Michèle Alliot Marie et les amis politiques de Gérard Trémèges.

Le faux, c’est encore cette promesse de 2001, du candidat Trémèges ; la même que celle de Sarkozy en 2007 : je serai l’homme de la valeur « travail ». On a vu : Giat, la casse des services publics, l’explosion de la précarité à commencer par l’emploi municipal.

Le faux, c’est toujours cette prétention de la droite à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, nous faire croire qu’elle serait plus responsable et soucieuse de l’intérêt général que la gauche.

A toute belle histoire, il faut une chute. La mienne ici, est que j’ai bien aimé cette cérémonie des vœux, parce tout simplement, j’aime ma ville et les tarbais.

Mais suggestion à Monsieur le Maire pour 2012 : Proposer dans un nouvel élan de générosité, que l’opposition municipale assure la partie divertissements. Que voulez vous la chorale m’a donné quelques velléités. J’ai toujours rêvé d’être clodette. Alors sur l’air de « Magnolia for ever »…