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Marie-Pierre Vieu
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10 mai 2012

Question de rassemblement

Carnet de Campagne Présidentielles/ Législative

20120318_183806 sJe n’avais pas écrit depuis le 20 avril. Bien sûr, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Commençons donc par là. Pour dire que dimanche soir, il était plus question d’alcool que d’eau… Champagne ? Je ne me souviens pas en avoir bu. Peut-être parce que plus qu’un baptême, cette victoire que nous venions d’arracher sonnait avant tout comme une délivrance.

De ce 6 mai 2012, je me souviendrai d’abord du SMS que j’ai reçu à 18h02, la place de la Bastille vient d’être bloquée à la circulation. Puis de la fédération du PCF qui a commencé à se remplir à partir de 19h, rendant compte des résultats locaux, 61,22% à Tarbes

Ensuite il y a le grand écran sur lequel nous pouvons suivre le feuilleton des évènements que tentent de dramatiser les commentateurs politiques ; j’apprécie tout particulièrement la bravoure du pauvre journaliste que France2 a planté devant la porte du bureau de François Hollande au Conseil Général dans une ambiance très Mme Bovary.

Au fil des minutes, la fièvre monte tandis que le décor de la scène se met en place : bientôt l’écran se coupe en deux, avec à gauche une place de la Bastille archi comble, débordant de bruit et de clameur, et à droite plusieurs milliers de militants UMP se drapant dans leur dignité, le drapeau tricolore à la main comme le dernier vestige d’un monde qui disparaît. Le compte à rebours a commencé. Dans quelques instants, il sera 20h et le portrait de François Hollande s’affichera et les militants du Front de Gauche laisseront exploser leur joie de tourner la page avec un quinquennat de régression totale. Plusieurs le diront, 5 ans de plus, ils n’auraient pas tenu !

Quelques verres, commentaires à chaud et boutades plus loin, le moment est venu de faire la synthèse J En d’autres termes il est important que nous rejoignons Séméac où se déroule la fête de la victoire initiée par le PS. Signe extérieur de ce changement d’unité de lieu et de dramaturgie, me font remarquer deux camarades, ici les consos sont payantes et en plus il n’y a que de la bière ! Faut s’y faire le débat reste encore à mener à gauche…

Ce débat est au cœur du restant de la soirée, dès ce moment, où, à la tribune prennent place les responsables socialistes et radicaux restés ce soir auprès de leurs concitoyens, le secrétaire fédéral du PS, Alain Piaser ; le Président du Parti des Radicaux de Gauche 65, Claude Gaits ; le conseiller général Jean Claude Palmade; les parlementaires sortants Pierre Forgues et Chantal Robin Rodrigo ; la candidate de la 2ième circonscription, Janine Dubié et qu’ils commencent à s’exprimer pour toute la gauche. Ni une ni deux, avec Claude Martin, nous nous y hissons jusqu’à eux pour rappeler cette simple arithmétique locale qui fera verdir de jalousie Cécile Duflot. Sans les 11% nationaux de Mélenchon et les 15,2% locaux du Front de Gauche Hollande, ce dimanche 6 mai, ne réaliserait pas un score bigourdan de plus de 62% évacuant tout risque FN et UMP pour les législatives ! Mais plus sérieusement : au bénéfice de quelle politique allons-nous maintenant mettre cet actif ?

Tandis que la soirée se prolonge, la discussion va bon train. A plusieurs reprises, je suis interpellée par des élus socialistes ; il nous faut rassembler largement… Souci auquel je souscris à 100%. Sauf que dans leurs bouches, en ont-ils seulement conscience, il me semble sonner comme le terme d’une équation dont le deuxième serait : … mais ne pas être dispendieux. Autrement dit de rabaisser le niveau des exigences populaires. Ou encore de rentrer dans cette mécanique du réalisme social, qui commence avec le rêve français et s’achève dans de nouvelles illusions perdues !

Cette mécanique, à J+4 du deuxième tour de la Présidentielle, nous sentons que certains commencent à en huiler les rouages.

Rassembler largement, mais pourquoi faire et sur quelle base ? Je crois que là réside toute la question que la gauche se doit de pousser durant la campagne des législatives.

Hier le Bureau National du PS a finalement tranché pour présenter un candidat socialiste face à François Bayrou. Ouf… Une décision autre, fut-t-elle présentée comme un geste républicain, aurait accréditée le fait que le candidat du MODEM est compatible avec la nouvelle majorité présidentielle. Je ne vois pas quelle compatibilité, il peut y avoir entre la gauche et cet ex ministre du gouvernement Balladur qui a fait de la réduction des dépenses publiques et l’instauration de la règle d’or son principal argument de campagne. Non ce n’est décidemment pas de ce côté que la gauche porté dimanche au pouvoir, doit s’orienter.

Rassembler largement, pour quoi faire ? Avec Pierre Montoya, nous lancerons ce soir à 18h30 à Soues, notre campagne législative. Réunis hier pour évoquer le sens que nous voulons lui donner : le même que pour les présidentielles, avec cette faim grandissante que décrit si bien Jean Luc Mélenchon dans l’Humanité du jour « Le plaisir de la soirée à la Bastille fonctionnait come un préliminaire.  L’appétit vient en mangeant et tout le monde a encore faim. Une faim de loup. Exigeante, ardente, gourmande. »

La victoire de François Hollande a ouvert un espace de possibles. Dans cette bataille qui s’amorce il ne s’agit pour le Front de Gauche de laver plus blanc ou plus « rouge » que le PS ou le PRG, mais dans la majorité de gauche se constituant, d’imposer les marqueurs d’une vraie politique de changement.

Par ex le SMIC, les minima sociaux et les pensions augmentés de manière significative au 1er juillet parce que cela va constituer un appel d’air pour tous les salariés et imposer des arbitrages de fond ( pour le financer) ; par ex la retraite à 60 ans et à taux plein parce que l’une des clés de la victoire du 6 mai est à chercher du côté des mobilisations de l’automne 2010 ; par ex le maintien d’hôpitaux, d’écoles et de bureaux de poste de proximité parce que posant l’urgence d’en finir la loi Bachelot et de la T2A, de renforcer les services publics et d’abroger la réforme des collectivités ; par ex le droit de vote des résidents étrangers dès le commencement de mandature parce que c’est maintenant qu’il faut enfoncer le clou face au FN et à l’UMP et les battre sur le plan idéologique ; par ex l’organisation d’un référendum sur le traité Merkozy parce que même avec le nouvel ajout « social » que va inévitablement préconiser François Hollande, sa logique restera inchangé et que seul le peuple consulté, a les moyens de faire évoluer le rapport de force…

Rassembler largement, pour quoi faire ? Il est midi ce jeudi 10 mai, et avec Pierre Montoya c’est volontairement que nous avons choisi cette date emblématique pour lancer notre campagne dans la 2ième circonscription des Hautes Pyrénées. N’était-il pas le mandataire départemental de François Mitterrand en 1981 ?

Rassembler largement, oser gagner et sortir croire au changement. C’est parti…

 

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