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Marie-Pierre Vieu
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29 mai 2012

Alerte monoparentalité !

Carnet de campagne Présidentielles/Législatives 2012

 

monoparentaleJ’étais, la semaine passée en porte à porte sur Solazur, une cité populaire tarbaise. Dans ce quartier, il ne reste plus que la petite maternelle Pablo Néruda construite au temps de la municipalité communiste, et que l’adjoint UMP aux affaires scolaires se verrait transformer en jardin d’éveil ; il peut toujours rêver ! Reste qu’ici, peu à peu le tissu social et culturel a reculé pour laisser place à pas grand-chose : des toboggans, des parkings… Au prime abord, cela ne choque pas ; les enfants continuent à jouer en bas des immeubles, et à quelques centaines de mètres plus loin sur les bords de l’Echez : le boulevard n’est pas si loin qui nous relie à l’Hôpital ou au centre ville. Pourtant quand on commence à passer les porches, prendre les ascenseurs ou les escaliers, on sent l’abandon et l’exclusion de ceux qui habitent là. Et quand les portes s’ouvrent, on tombe nez à nez sur leur souffrance : c’est ici que sont logés les arméniens, tchéchènes et autres familles issues d’ailleurs, confrontées à la double barrière de la langue et du chômage. C’est encore là que l’on trouve bon nombre de femmes seules avec des enfants en bas âge. On les croise le matin conduisant le plus jeune à la maternelle en bas des « blocs », puis l’ainé à Henri 4. Elles le font chaque jour, dans un timing bien calé. 8h40 le premier et 8h55 le second avec un bisou et le 4 heures. Il y a là la maman de Lucas, de Brian, de Wilson… Pour la plupart, je les connais car ma fille est inscrite à cette école, que j’aime par-dessus tout car elle est l’une des plus colorées de Tarbes ; que la couleur et la diversité, c’est la vie !

C’est en regardant faire ces femmes, les regardant s’acquitter de la cantine les mardis ou vendredi quand la plupart ne travaillent pas, en découvrant leurs difficultés à participer au pot commun de la coopérative scolaire, à envoyer leurs petits au sorties éducatives que je me suis dit que oui, il y avait une urgence dans cette campagne législative, à parler de la mono parentalité.

Un sujet que je connais bien d’ailleurs, pour le vivre. Mais avec un salaire régulier, un toit, une famille aussi solide que solidaire et présente, de vrais amis ; un rapport au monde et un engagement qui ont fait de moi, une femme autonome ne se formalisant pas du regard des autres, et sachant d’affranchir de la pression sociale dès lors qu’elle ne vient pas empiéter sur le domaine privé. Il reste toujours une culpabilité. Elle est relative dès lors qu’on a gagné le reste du combat… Tarbes est la 1ière ville monoparentale de Midi Pyrénées. Elles sont nombreuses celles qui élèvent seules leurs enfants. J’ai connu Polina en terrasse d’un café lorsque Camille et Emma se sont mises à jouer ensemble ; j’ai sympathisé avec Maryse alors qu’elle accompagnait son fils de 16 ans, aux réunions du Front de Gauche. Parmi mes copines de lycée plusieurs séparées ont aussi connu cette situation. + 15% de familles monoparentales à Tarbes en six ans, et l’une des premières causes de précarité sur la ville : 7 familles sur 10 en dessous du seuil de pauvreté selon un rapport du Centre Action Sociale de la municipalité tarbaise. Des silences coupables comme celui de la CAF ou de l’OPH qui devraient être plus préoccupés par la sécurisation de ces familles que par l’équilibre de leurs dépenses ! Des abandons comme celui de la municipalité de Tarbes qui affiche ses préférences pour l’entretien des façades et travaux centre-ville.

Et surtout cette façon récurrente de réduire la question à de la statistique quand il s’agit d’un vrai débat politique, à affronter comme tel. Qui appelle à la fois des réponses locales et nationales. Nous en avons identifié quatre : la première est que les revenus cumulés du mono parent dépassent les minimas sociaux, la deuxième est le versement des Allocation Familiales dès le 1er enfant revenant à considérer ces aides non plus comme un appui aux politiques natalistes mais un facteur de justice sociale ; la troisième est la relance d’un plan du logement qui inclut 25% de logements sociaux et fléchés prioritairement vers ces familles en difficulté ; la quatrième est la mise en place d’un vrai service public de la petite enfance.

Et la question ne se pose pas qu’en termes de moyens. A la précarité financière s’ajoute souvent la précarité culturelle. Combien sont ces familles reléguées dans 30 m2 privés et otage d’un vendeur de sommeil, profitant des manques du marché comme l’on a montré il y a quelques années « La semaine des Pyrénées » dans un reportage qui vous prenait à la gorge ? Combien de mères, faute de trouver la bonne personne pour garder leurs petits trouvent un plan B moins onéreux mais privant dès le départ leur enfant, des lieux d’éveil et de sociabilisation nécessaire à son épanouissement? Combien encore de femmes, dans leur combat de femmes seules et parfois blessées auraient besoin d’être accompagnées, soutenues, écoutées mais se heurtent inlassablement à l’absence ou la pénurie des structures conçues pour cela ?

« L’enfant qui ne joue pas n'est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas a perdu à jamais l’enfant qui vivait en lui et qui lui manquera beaucoup. » écrivait Néruda. A celles et ceux, qui se demandent encore ce qui fait la force du Front de Gauche, sa différence avec les orientations répétées de François Hollande concernant son objectif des 3% de dépenses publiques à l’horizon 2017, la réponse est contenue dans ces lignes : nous sommes fidèles à l’enfant qui est encore en nous et également… à notre idéal de Gauche !

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Commentaires
K
super et bien écrit ton billet ! tu as raison d'écrire que la solidarité peut commencer là où arrive la main ... j'ai connu solazur y'a plus de 20 ans et en te lisant, j'ai l'impression que la situation ne s'est guère améliorée ... mais les femmes sont des battantes ! bonne continuation et bon combat ! je rentre de bagnères de bigorre où j'ai passé 3 semaines et où j'ai rencontré vite fait le jour de mon départ, les représentants fdg de bagnères ... dommage que ce soit en fin de séjour ! au plaisir de te lire et bonne révolution citoyenne marie-pierre ! :)
Marie-Pierre Vieu
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