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Marie-Pierre Vieu
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4 juin 2012

« Gauche ou Extrême ? »

Carnet de campagne Présidentielles/Législatives

hopital bagLa musique est d’abord venue de droite, et c’est bien compréhensible. Car pour habiller sexy la liaison UMP/FN, il faut légitimer la perméabilité aux thèses extrêmes. On est donc allé réactiver cette peur séculaire qui hantait déjà les belles personnes du «  Bonheur des Dames » de Zola, et est devenu le cri de ralliement de la bourgeoisie française. Attention Marx attaque ! Les rouges, jacobins et Robespierristes régicides sont de retour. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, sachez bonnes gens, qu’ils ont à leur tête, un tribun jaurésien, biberonné à la quatrième internationale ! On les comprend ces pauvres Parisot et Copé. Se faire expulser des arcanes du pouvoir avec en prime, le Front de Gauche à 11%, il y a de quoi, basculer dans la « Terreur » absolue et riposter en se délestant des quelques réminiscences gaullistes restantes, pour ouvrir grands les bras au frère poujadiste et national socialiste !

Reste que ce vieux refrain exhumé par l’UMP devient lancinant et sonne faux dès lors qu’il est repris par une partie de la presse puis, de la gauche, sur l’air de « la crise renforce les extrêmes » ou « l’extrême gauche » quand on évoque le Front de Gauche. Jusqu’à ELLE qui dans son édito de la semaine débute ainsi : « Cécile Duflot peut elle maintenant qu’elle est ministre, se rendre en jean au boulot ? Enfin un vrai débat qui repose des tensions extrêmes : Front de Gauche/Front National (…)» pour conclure, que la tenue politiquement correcte est désormais exigée. Je ne sais pas si ces lignes doivent se lire au premier ou deuxième degré, toujours est-il que Marion Ruggieri dépose là une vrai petite bombe, mettant le doigt sur ce qui caractérise le climat d’après présidentielles. Sous prétexte d’apaisement, le consensus est désormais la norme, et comme la droite est défaite, le message est à usage interne à la gauche. Excluent donc, ceux qui refusent la compromission, le Front de Gauche devenant l’ennemi intérieur

Jusqu’à renvoyer dos à dos, communistes et fascistes. Jusqu’à désigner comme nuisibles pour la démocratie, ces militants de la gauche radicale, qui ont été les plus déterminés contre les réformes sarkozystes, souvent les plus unitaires pour arracher la victoire face à l’UMP le 6 mai dernier. Jusqu’à tirer un trait sur ce que la gauche et le mouvement ouvrier ont tissé de meilleur, des Lumières à 36 et 68. Jusqu’à reléguer 81 à une gauche de chimères, idéologiquement dangereuse : imaginez l’abolition de la peine de mort, la 5ième semaine de congés payées, les lois Auroux et la nationalisation des grands services publics…

Hollande revendique un Présidence normale. Tant mieux, s’il entend marquer sa différence avec le mépris, l’arrogance, l’égoïsme et la violence sociale qui ont marqué ces cinq dernières années. Mais revendiquer la normalité quand on est de gauche… c’est à pleurer !  Normal, selon le dictionnaire des synonymes c’est « correct, habituel, légitime, ordinaire, régulier, traditionnel. » Bref rien à voir avec la gauche et tout à voir  au contraire, avec le conformisme, l’immobilisme voire la soumission.  Pour paraphraser Cioran « On ne peut être  normal et vivant à la fois »

Face à la crise, le compromis social et l’apaisement ne sont pas possibles. Refuser l’affrontement politique c’est d’emblée capituler devant les marchés. Pointe déjà l’embarras du gouvernement Ayrault quand il va élaborer son budget 2013 : dire amen à Bruxelles et accepter la règle des 3% ou répondre aux exigences sur les retraites, l’école…Sauf que tenter de sortir du jeu et de marginaliser le Front de Gauche pour instaurer le bipartisme, c’est d’emblée faire le choix de la capitulation et surtout de la défaite de la gauche. Il n’est qu’à se repasser le fils des évènements en Espagne ou en Grèce… Le 17 juin prochain, un nouvelle Assemblée Nationale éclora et la chance d’Hollande n’est pas d’avoir la majorité absolue, mais de devoir composer avec le Front de Gauche car à chaque moment, cela obligera le PS à repartir des attentes et des besoins sociaux.  Et de faire la démonstration que le politique peut encore contraindre l’économie.  Cela obligera également les parlementaires à tenir leurs engagements et être aux côtés de celles et ceux qui les ont portés.

Vendredi après midi, j’ai participé avec Claude Martin, candidat du Front de Gauche dans la 1ière circonscription des Hautes Pyrénées, à une manifestation pour sauver l’hôpital de Bagnères de Bigorre qui vient de subir la fermeture partielle de ses urgences. Près de 1000 personnes étaient là, devant lesquelles nous avons été trois élus à prendre la parole : le 1er adjoint du maire UMP de Bagnères excusant le maire en déplacement (jusqu’à là rien que du « normal » !) puis la suppléante de Jean Glavany, l’excusant, car lui aussi en déplacement et moi-même, conseillère régionale. Dans la foule ni le député PS sortant, Pierre Forgues ; ni la sénatrice PS, Josette Durieux, ni le sénateur PRG, François Fortassin n’étaient là non plus. Ce vendredi à Bagnères, la gauche présidentielle avait choisi la dérobade. Autant dire, la honte !

« Le Front de Gauche est l’assurance de la gauche » explique Jean Luc Mélenchon. Ni son extrême, ni sa conscience morale, ni l’aiguillon d’une social démocratie à la dérive ; il est une composante exigeante et déterminée de la gauche. Une composante de plus en plus exigeante et déterminée !

 

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