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Marie-Pierre Vieu
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15 juin 2012

Mémoire d'Ex

Carnet de Campagne Présidentielles/Législative

Coquelicots porte-chance

Ces 24 dernières heures viennent de nous faire vivre cette faconde qui d’Emma Bovary à la belle du Seigneur, a fait de la France le pays du roman. D’ailleurs que serait la gauche sans l’affaire Dreyfus et le « j’accuse » de Zola, évènement qui a pénétré à tel point les esprits que le grand Jaurès lui-même a compris que se jouait là un des ressorts du combat pour l’émancipation ?Ce n’est ni Zola, ni même les passions shakespeariennes qui ont inspirés Valérie Trierweiler. Après le poids des mots et le choc des photos, l’Ex de Paris Match tente le tweet qui tue. Et la passe d’arme, avec l’Ex de François est d’une telle violence qu’elle en fait passer les Capulet et Montaigus pour des duettistes amateurs ! « Mais pourquoi donc cette rage à vouloir effacer de la mémoire maritale et collective celle qui l’a précédée ? « (Lol). No comment ici ; mais mon point de vue sur la grande entreprise de pacification qu’a engagé le Parti Socialiste, il y a déjà plusieurs mois pour imposer sa Présidence normale, et dont Ségolène Royal paie aujourd’hui les dommages collatéraux. 

La saison 1 s’est jouée à l’Automne avec les primaires. Exit déjà l’Ex candidate à la Présidentielle et Martine Aubry, se détestant trop pour comprendre alors, qu’elles vont être les victimes expiatoires de la machine social-libérale en mouvement. On garde Montebourg pour se donner une caution « révolution » institutionnelle afin de mordre sur le Front de Gauche, on promeut Valls (le meilleur d’entre les modernes !) tandis que pour faire passer la pilule, on maintient Benoit Hamont porte parole, avant d’en faire un ministre question de réduire son courant à néant. Et vive la sociale ! 

La saison 2 peut commencer. Quelle était verte ma vallée ! La promesse d’un groupe à l’Assemblée Nationale et de quelques tribus ministérielles et Cécile, Jean Marc, Eva basculent. Finie la coopérative politique EELV. Basta le nucléaire, l’altermondialisme, 68 et sa subversion : Dany et José eux-mêmes ont chaussé les charentaises.A propos de charentaises, j’ai oublié un épisode de la saison 1. Dans les valises de Hollande, il y a aussi Jean Michel Baylet, le sénateur PRG qui oublie en janvier de voter pour la loi interdisant les licenciements boursiers, mais dont la mouvance est toujours préposée à l’artisanat et aux TPE, un peu comme on préposait les communistes aux transports du temps où ils participaient au gouvernement.Remarque de l’auteur : dis donc Monsieur Solférino, c’est quand que tu considères qu’un radical de gauche n’est pas obligatoirement un pharmacien (même avec le shit en vente libre) et un coco, un cheminot ? 

Revenons à la saison 3 qui s’ouvre sur fond de crise européenne. Décor peu propice pour l’apaisement. La droite avance décomplexée, Sarkozy n’hésitant à ressortir des tiroirs les arguments qui l’ont fait gagner en 2007 : les RMIstes sont de nouveau des profiteurs, les étrangers des envahisseurs, les fonctionnaires des parasites … Le Pen est en embuscade, contaminant avec ses thèmes régressifs.Un soir de fin janvier 2012, un certain Jean Luc Mélenchon est l’invité « des paroles et des actes » et là, en prime time, on découvre qu’il existe aussi une gauche décomplexée. Qui reprend les éléments de langage en même qu’elle nous insuffle la dynamique de la gauche des grandes avancées populaires : « la rigueur est de droite », « l’ennemi c’est la finance, pas l’immigré », « au dessus de 350 000 euros par an je prends tout », « place au peuple  et à la constituante »… Après l’étonnement et la séduction viennent l’agacement et l’inquiétude. Début Mars, le Front de gauche a passé la barre des 12% dans les sondages, et même si cela élargit le rayonnement de la gauche, la conséquence est également qu’il déplace le point de son rassemblement. Le PS est mûr pour une recomposition, pas pour composer avec un partenaire lui imposant des lignes forces qu’il n’a choisi, que ce soit sur Lisbonne et sur la croissance.

A un mois du scrutin, il s’agit de réagir et commence alors ce jeu de dupes qui se poursuit encore : tandis que l’UMP « droitise » son discours et stigmatise le Front de gauche justifiant sa porosité au FN, le PS laisse faire trouvant là un moyen d’affaiblir la force désormais concurrente. On commence à s’en méfier ouvertement la pointant comme le pendant à gauche de l’extrême droite, on en fait des tonnes sur  le risque d’un 21 avril 2002 bis, la mécanique voter utile/bipolarisation est engagée… La 22 avril, Hollande est en tête du 1er tour devant Sarko, Le Pen 3ème 17% devant Mélenchon 11%. Le second tour se jouera sur la peur sociale quand il aurait pu se faire sur la conquête sociale. 

Entrée dans la saison 4 sur un thème unique. « Conforter la victoire du 6 mai et la gauche présidentielle.» Sarko est défait, l’UMP confrontée à ses propres démons intérieurs (fascisme ou gaullisme, il faut choisir), le FN est en butte au mode de scrutin législatif. A priori tout devrait rouler, s’il ne restait encore cette épine dans le pied qu’est devenu le Front de Gauche. Avec plus de 10%, s’il poursuit son ascension, c’est lui qui fera la majorité de gauche à l’Assemblée Nationale. Hollande le refuse car cela irait à rebours de son projet de France apaisée basée sur le compromis social! Désormais alors, il faut assurer les conditions d’une victoire sans le Front de gauche. L’inversion du calendrier électoral va y aider certes, mais il ne faut rien laisser au hasard. S’enchaînent les négociations capotées sur les circonscriptions à risque de victoires FN où, Martine Aubry fait le choix de dresser la corde qui bientôt la pendra, l’argument vote utile, lancinant, et comme même cela ne suffit pas, une fin de campagne de 1er tour  accusant Jean Luc Mélenchon d’être le responsable de la montée de l’extrême droite. Où l’on met dans le même panier les résistants et les collaborateurs. Une vraie supercherie !

Dimanche 10 juin. Le PS surfe sur la vague présidentielle.+ 4 millions de voix gagnées à la Présidentielle, + 500 000 voix par rapport aux législatives de 2007, et pourtant le groupe Front de Gauche est en danger s’il n’atteint la barre fatidique des 10 députés à l’AN. 

La saison 5 peut débuter. Le décor est déjà planté ; nous en sommes à la distribution des rôles. Au PS la guerre fratricide peut commencer et on gère les arcanes du pouvoir comme les couloirs d’un congrès. Dans ce jeu de massacres, la Présidente de Poitou Charente est une bonne cible, non parce qu’elle est l’Ex du Président, mais surtout l’Ex candidate, défaite de 2007. Au fond trop social-démocrate pour la dérive qui se prépare. Cà, je ne pensais pas l’écrire un jour…Dans cette bataille, la com- la propagande même- a son importance. Plus on réduit le prisme politique de la gauche gouvernementale, plus l’affichage doit signifier le contraire. Ainsi Taubira sera la conscience politique d’Ayrault et la caution gauche des radis, Lebranchu devra fédérer le cœur socialiste, Peillon raviver l’esprit laïc, Filipetti réconcilier le peuple et la culture. Pour que l’équation soit parfaite il manque un communiste. Mais le PCF n’en sera pas ne voulant plus servir de caution. Quoi de mieux qu’un Ex, alors, pour remplir ce rôle ? De préférence entrant dans la définition qu’en a donnée le candidat Hollande à nos voisins anglo saxons : le PCF est mort… C’est pourquoi depuis quelques jours le nom de Robert Hue est de nouveau prononcé. Des Ex communistes, j’en connais pas mal, certains d’ailleurs ne sont Ex que parce qu’ils n’ont plus de carte. Déçus, blessés, ou simplement fatigués. Cependant leur combat pour l’émancipation reste intact. Robert Hue, j’ai épousé sa volonté de mutation du PCF. Essentielle. Mais sa conclusion ne passe par un ralliement à la social-démocratie. Désaccord sur le fond, la forme et l’éthique. Je m’en arrêterai là… 

Mais viendra la sixième saison, celle des rouges coquelicots, des cerises, des merles moqueurs et des étés rieurs. Elle reste à écrire. Mais passe par la poursuite du Front de gauche.Si notre choix est celui de l’indépendance vis-à-vis de la nouvelle majorité présidentielle, notre camp n’en pas moins la gauche ! Nous allons nous employer à créer les conditions politiques afin que le pouvoir réponde positivement aux  besoins et attentes de notre peuple. Une démarche est à redéfinir. Une nouvelle page à écrire, qui nous demandera de surmonter des obstacles, pas toujours extérieurs, mais parfois imputables à nos propres cultures et histoires. Les communistes auront à finir de s’extirper d’une conception révolutionnaire qui a broyé leur idéal en même temps qu’elle les a éloignés du peuple ; les socialistes à comprendre qu’il ne suffit pas qu’ils aient quitté un PS jugé ne plus remplir sa mission historique pour que nos concitoyens, en un instant, se rangent à leur opinion ; les trotskistes devront faire l’apprentissage d’une réflexion et d’une action qui embrassent toute la gauche et se ne contentent pas de discourir en témoins avisés. Tous nous aurons à suivre le chemin de la liberté et donc du doute, car c’est le prix à payer pour inventer une gauche d’alternative… et demain majoritaire. Au travail, camarades !

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Marie-Pierre Vieu
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