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Marie-Pierre Vieu
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25 mars 2013

Le match ne fait que commencer

Tarbes (2)

tarbes danton 1Ce mardi 12 mars, 11h30, cimetière Saint Jean, la fédération communiste, rend hommage à Paul Chastellain disparu, alors même qu’il venait d’apprendre qu’il était réélu maire de Tarbes. C’était le 13 mars 1983. Il y a tout juste, trente ans,

Dans sa prise de parole, Hervé Buffat, secrétaire du PCF, parle du résistant du maquis de Nistos, bien sûr. Il évoque aussi l’engagement d’élu de Paul, ses mots trouvant un accent particulier dans l‘actualité tarbaise.

Ils rappellent ainsi que la marque de 4 mandats de gauche, à direction communiste, reste d’avoir fondé les bases de la solidarité et du bien vivre bigourdan. A commencer par des réalisations telles que la modernisation des quartier du Figarol et de Laubadères, ce dernier considéré à l’époque comme une « zone » de non droits ; la construction du quartier Lormeau inclus son cadre vert ; la mise en place d’une politique sociale avec la CCAS venue sécuriser les générations et les populations les plus fragiles, la création de foyers restaurants, le choix de développer le logement social ; la rénovation de l’ensemble des écoles tarbaises, l’instauration d’une politique culturelle basée sur l’éducation populaire, la construction du Théâtre des Nouveautés ; l’aide au développement d’une pratique sportive citoyenne et populaire… A cela il faut ajouter un engagement total auprès des salariés et la volonté de préserver le caractère industriel de Tarbes en lien avec l’impulsion d’un pôle universitaire et de recherche qui compte aujourd’hui plus de 5 000 étudiants. Le rôle central des services publics dans la vie de la cité. Et ce mouvement a été prolongé lors des mandats suivants sous l’impulsion de Raymond Erraçaret.

C’est cette volonté politique et rien d’autre, qui nous permet d’avoir aujourd’hui, un taux de logements sociaux supérieur à la moyenne nationale et communautaire ; de continuer à scolariser les enfants dès 2 ans et à faire vivre une école de proximité telle Pablo Néruda avec de vrais liens social au cœur du quartier Solazur. C’est encore elle, qui nous a fait obtenir un musée de la résistance et de la déportation, une bourse du Travail en conformité avec le rôle moteur du syndicaliste dans le développement de notre département. C’est toujours elle, qui jusqu’à l’an passé, a pu nous faire préserver dans le giron public, les abattoirs, et nous pouvons vérifier avec l’actualité Spangherro/Arcadie, combien ce parti pris du refus de marchandisation du secteur est un choix pertinent.

Et tordons le coup à cette idée colportée jusqu’à passer pour une vérité  que « Trémège aurait modernisé et embelli la ville » et rassurons-nous, amis et camarades, la gauche aussi aime le beau, et n’a pas attendu les architectes et promoteurs made in UMP pour faire entrer Tarbes dans le 21ième siècle. Pour ne prendre que la rénovation de la place Verdun ou de la mise en valeur de Marcadieu…

Et finalement quel a été l’apport de la droite depuis son élection en 2001 ?

Un, et c’est le seul génie de Gérard Trémège, il a su comprendre qu’il avait été élu dans une ville où la majorité de la population reste de gauche. De fait, il a su convaincre son camp de ne pas d’emblée porter l’estocade mais de prendre son mal en patience et de composer. Jusqu’à progressivement, nous faire entendre sa petite musique et commencer à déstructurer la ville pour mieux la recomposer.

Deux, le bouclier social ayant été mis en place par ses successeurs de gauche, il n’a eu qu’à préserver l’existant. Mais à minima. Pour dégager des marges de manœuvres et imposer ses grands travaux. Quels sont-ils ? Pour l’essentiel une politique de réalisations coûteuses, un tantinet bling bling, confère le ré emménagement du site de l’Arsenal ou de la halle Brauhauban sensés booster l’emploi local mais qui en réalité ne boostent que le compte en banque quelques promoteurs locaux ; et dépourvus au demeurant d’une réelle perspective pour le développement local. Quelle place pour la 2ième ville de Midi Pyrénées dans la métropolisation et le futur redécoupage territorial ? Quelle spécificité tarbaise dans l’axe Toulouse/ Pau/ l’Espagne ? Quelle perspective industrielle ? Durable ?

Dans le même temps, la démocratie locale a été transformée en une somme de pratiques clientélistes, dont les conseils de quartier et les travaux de proximité sont deux des axes majeurs. Sans oublier le communautarisme, la stigmatisation de ceux qui luttent

Trois, sa réélection en 2008 a libéré Gérard Trémège, d’autant qu’elle a coïncidé pour partie avec celle de son ami Nicolas Sarkozy. De fait, même s’il s’en défend, il a commencé à montrer combien la gestion d’une ville est tout, sauf neutre. L’homme de droite s’est manifesté. Enfin Et de plus en plus souvent  

On le voit avec l’inflation de privatisations de l’espace public communal au détriment de l’intérêt général : l’eau et l’assainissement avec un nouveau contrat pour la Lyonnaise des Eaux ; Véolia qui entre via l’instruction civique et citoyenne dans nos écoles primaires ; le parc des expositions confié en Délégation de Service Public à la CCI et que l’on envisage de re municipaliser quand la structure est déficitaire, ou l’abattoir cédé en 2011 au groupe Arcadie ; la DSP en cours du chauffage bois … On pourrait encore évoquer la gestion opaque de la dette, les ponctions progressives sur les budgets de solidarité, la précarité et de la flexibilité comme mode de management des personnels, les caméras de surveillance et la tentation sécuritaire. Et encore la politique du logement menée par la SEMI, outil municipal devenu un objet purement spéculatif, qui précarise et exclut des frontières de la ville une part de la population.

La marque de la droite c’est également les connivences, alliances et mariages entre le pouvoir politique et économique. Tarbes est un cas d’espèce de ce point de vue, puisqu’il y a quelques semaines son 1er adjoint, François Xavier Brunet également Président de la CCI, démissionnait pour prévenir d'un possible conflit d’intérêt sur le dossier du parc des expositions/palais des congrès. En réalité, le conflit d’intérêt avait débuté le jour même où il avait été élu à la tête de la chambre consulaire mais à l’époque, l’UMP régentait le pays, on était donc moins regardant  Mais cet exemple n’est pas le seul, il suffit d’égrainer la liste des élus de la majorité pour vérifier sa proximité avec les milieux d’affaires et patronaux locaux. Pas d’équivoque à avoir : mes propos ne sont pas moraux ou diffamatoires. Non ils n’ont qu’une fonction : dire aux tarbais qui ont très largement le cœur et la conscience à gauche qu’il faut vite, qu’ils arrêtent de prendre des vessies pour des lanternes, et Gérard Trémége pour un philanthrope…

Danton a beau encore trôner place Jean Jaurès le bras tendu vers les foules, il est grand temps qu’ils se dotent de d’autres points d’appui pour les défendre. Une politique municipale peut être un paratonnerre contre l’austérité. Celle qui en est en train de ravager Chypre, décrétée par la BCE, le FMI et malheureusement relayée en France par le gouvernement Ayrault.

Titrant un point presse de Dominique Montamat, où l’élu communiste contestait les derniers arbitrages municipaux rendus par la droite, la presse écrivait  que le Front de Gauche comme toujours, refaisait le match. Amusant, moi j’ai plutôt le sentiment que le match ne fait que commencer…

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Marie-Pierre Vieu
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